10 janvier : jour férié au Bénin en l'honneur du vaudou
- Bruno Teissier
- 9 janv. 2018
- 2 min de lecture
Danses au son des tambours rituels, invocations par les grands-prêtres de leurs esprits tutélaires , scènes de transes... Des milliers d'adeptes se pressent chaque année sur la plage de Ouidah au sud du Bénin mais, aussi à Grand Popo et dans beaucoup de villes et villages du bénin ce 10 janvier, jour de fête du vaudou (ou vaudoun, comme on l’appelle ici, c’est-à-dire « esprit »). On arrive en masse ici tous les ans des pays voisins, Togo, Nigéria, Ghana mais aussi du Brésil, des Antilles, des États-Unis depuis 1993, date de son institution comme fête officielle par le Président nouvellement élu (1991) : Nicéphore Soglo. Le pays sort de 20 ans d’un régime marxiste-léniniste sous la férule de Mathieu Kérékou arrivé au pouvoir en 1972 après un coup d’État. Une véritable chasse aux sorcières est alors lancée contre les pratiquants de ce culte (vodounon) et leurs adeptes (vodounsi) qui n’épargne pas non plus les Églises catholique et musulmane. Si le vaudou ne disparaît pas durant ces deux décennies, sa pratique demeure clandestine et dangereuse. Apparu dès la fin du XVIe siècle à la frontière du Bénin et du Togo et diffusé via la traite des esclaves dans le reste du monde, le vaudou est, de nos jours, pratiqué par au moins 62 % de la population, par ailleurs rattachée à une Église officielle, catholique (27% de la population) ou musulmane (24%) dans un syncrétisme qui semble naturel ici. Dans les temples ou les maisons familiales, les vaudouns sont symbolisés par des fétiches (statuettes) auxquels on fait des offrandes : nourriture, alcool ou sang d’un animal sacrifié. On recense jusqu’à 200 divinités qui représentent les éléments naturels (l’eau, la terre, la foudre…), les animaux mais aussi la guerre, la maladie… invoquées pour protéger la maison et ses habitants, les guérir, leur apporter prospérité ou les prémunir de mauvaises intentions à leur égard. Dans le but de protéger ce culte et de le dédiaboliser, l’État béninois a décidé, en 1998, de faire du 10 janvier la Journée nationale des cultes et de déclarer ce jour férié.

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